la-ruche-tronc-noir-pollen

La ruche tronc

Posted on:

Qu’est-ce qu’une ruche tronc ?

Les abeilles sont à l’origine une espèce forestière. Leur terrain de jeu c’est la forêt, les clairières, les feuillus et conifères, les haies de prunelier et d’aubépine. Et sûrement pas les champs à perte de vue de colza, tournesol, lavande, maïs ou blé. Une forêt, ce sont des arbres morts, ou même vivants, présentant des cavités dans lesquelles les essaims trouvent un lieu propice où s’installer. La ruche tronc c’est redonner aux abeilles un habitat qu’elles connaissent.

Les premiers apiculteurs l’avaient bien compris et proposaient aux essaims une ruche creusée dans un tronc le plus souvent de châtaignier et recouvert d’une lauze en schiste. D’autres proposaient des ruches en paille, en terre…Tout était permis. Et ça, c’était avant l’invention des ruches à cadres et de toutes les dérives qui en ont découlé depuis leur invention au milieu du 19ième siècle.

Pourquoi une ruche tronc en 2022 ?

Les abeilles disparaissent, ce n’est un secret pour personne (et les insectes de façon générale). Et les colonies sauvages ont déserté depuis bien longtemps nos forêts. Il en reste bien sûr, mais j’ai beau beaucoup marcher je n’ai pas encore eu la chance d’en observer une. Par cela, la ruche tronc participe au ré-ensauvagement de notre environnement en abeilles mellifères. En effet, de par son volume restreint et le « laisser-faire » qui prévaut dans la conduite d’une ruche tronc, la colonie va essaimer comme il se doit. Une fois l’essaim installé deux possibilités se présentent pour la conduite de la colonie. Pour la première on n’intervient plus du tout. La colonie est un organisme à part entière et à ce titre naitra, vivra, se reproduira et mourra. Que cela prenne 3 ans, 5 ans, 10 ans…Et un nouvel essaim arrivera pour reprendre possession de la maison.

Pour la deuxième, on intervient à minima, sans aucune commune mesure avec les ruches à cadres, et bien sûr l’essaimage fera partie de la vie de la colonie. Et c’est là où une bonne connaissance de la vie des abeilles est importante parce qu’il faudra glaner les informations au trou de vol avant d’intervenir. Les interventions se limiteront à observer la présence de couvain et à retirer des cires devenues trop vieilles. On pourra aussi mettre à l’occasion des grosses miellées une hausse en enlevant la clef centrale pour récolter quelques kilos de miel.

Autre intérêt : les ruches troncs sont très belles et les ruchers troncs qu’on peut encore observer dans les Cévennes sont magnifiques. Et la ruche par elle-même est aussi un organisme vivant, elle va se fendre, se remodeler tout au long de son existence qui pourra durer plusieurs centaines d’années…

La fabrication d’une ruche tronc

Une ruche tronc, ça se mérite ! Face à son tronc de châtaignier qu’il faut évider tout à la main on redevient vite très humble. Comme outils, des ciseaux de charpentier et une gouge. Quelques outils plus modernes comme une perceuse pour percer le trou de vol et installer le croisillon de maintien et une ponceuse pour les finitions. Sinon, c’est de l’huile de coude. Et creuser sa ruche un week-end de canicule en Lozère, cela s’avère vite très physique. Heureusement, Tony, le maître de stage m’a bien aidé ainsi que Romain, autre stagiaire, mais bien plus jeune que moi… Des fois il faut savoir se faire une raison.

Après une journée et demi la ruche a pris forme, les clefs sont découpées. Il ne reste plus qu’à tailler la lauze au marteau pour donner aux bords une forme de goutte d’eau. Ainsi, en cas de pluie, l’eau ne s’écoulera pas sur la ruche. Finalement cette dernière étape s’avèrera la plus facile malgré une lauze très lourde à manipuler.

Que faire de sa ruche tronc ?

Dans un premier temps la laisser sécher au moins une année. Et puis soit attendre la venue d’un essaim, soit en installer un. Pour l’installation la technique proposée par Henri Giorgi ne me satisfait pas totalement parce qu’il faut introduire du couvain. Cela demande de découper dans un cadre de couvain avec forcément des dommages collatéraux. A ce jour je ne sais pas comment je vais procéder. J’ai un an pour y réfléchir. Et je suis sûr que la solution viendra d’elle-même.

Reste aussi à trouver l’emplacement. Pour l’instant c’est aussi en cours de réflexion. Pour la hausse, une idée a déjà germé, à suivre parce qu’elle demande un peu de travail de menuiserie qu’il faudra que je sous-traite.

Les stages de fabrication d’une ruche tronc

Ces stages sont proposés en Lozère. Ci-joint le lien : https://igoir.com/1575-2/.

Le stages sont animés par Tony Osario, une magnifique rencontre. Deux jours de bonheur dans une ferme des Cévennes le Mazeldan : https://www.chambresdhotes-mazeldan.fr

Les lectures indispensables

Il y a trois livres incontournables à lire sur le sujet. Deux écrits par Henri Giorgi et un par Yves Elie. Surtout l’intérêt de ces 3 livres c’est de ne pas se limiter à la ruche tronc mais bien de donner des clefs passionnantes sur ce que devrait être l’apiculture respectueuse des abeilles. Au final la seule qui donnera de vraies solutions à la disparition des abeilles et du vivant de façon plus générale. Et cerise sur le gâteau vous apprendrez (j’ai appris) plein de choses sur les abeilles.

« La ruche tronc de Henri Giorgi »

« Des abeilles sauvages chez soi de Henri Giorgi »

« La vallée de l’abeille noire d’Yves Elie »

Un documentaire d’Yves Elie à voir absolument : « l’arbre aux abeilles »

Conclusion

Le plus dur est peut-être à venir : installer des abeilles et savoir « conduire » cette apiculture traditionnelle. J’ai surtout hâte de faire de nouvelles observations au trou de vol de ma ruche tronc et de découvrir plein de nouvelles choses sur nos abeilles mellifères. Parce que à n’en point douter les comportements seront différents des ruches à cadres. Et aussi, pouvoir appréhender le bien-être d’une colonie et les aspects sanitaires qui posent tant de soucis dans les ruches mobilistes. A suivre donc, en 2023 j’espère…

X