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De l’art de se tromper

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Je crois l’avoir déjà mentionné dans une précédente actualité : l’apiculture est en théorie simple et s’avère en pratique bien plus complexe. La faute aux abeilles vous allez me dire. Hélas, trois fois hélas, la faute en incombe à l’apiculteur. Je ne le redirai jamais assez mais en tant qu’apiculteur notre rôle est d’apprendre à connaître nos colonies peu importe combien nous en avons (OK il arrive un moment où ça devient compliqué, mais là encore la course au rendement fait des dégâts). Les connaître, c’est anticiper leurs besoins et surtout c’est prendre les bonnes décisions au bon moment.

Bon, une chronique sur l’art de se tromper laisse entendre que ce fût mon cas. Et bien oui !Le souci quand on débute et qu’on monte son cheptel, c’est de pouvoir le faire grossir en produisant ses propres essaims artificiels et aussi d’avoir des produits d’appel pour commencer à se faire connaître, du miel pour faire simple. J’ai donc défini ma stratégie cette année en fonction de cette double contrainte. En démarrant la saison avec 6 colonies j’ai fait le choix de les laisser en production sur les fleurs de printemps et de faire des essaims tardifs c’est à dire fin mai. La première étape s’est très bien passée, la météo et les floraisons étaient au rendez-vous, trois colonies ont du coup fait plus de 20 kilos de miel. La deuxième étape a été un fiasco…

Quand on fait des essaims artificiels on ne multiplie pas n’importe quelle colonie, on peut bien sûr, mais notre rôle d’éleveur implique aussi qu’on fasse de la sélection sur les critères qu’on aura pris soin de bien définir au préalable. Dans mon cas j’ai sélectionné 3 colonies qui me donnaient entière satisfaction en production, douceur, force et plaisir de travailler avec. J’avais juste oublié un détail…Ce détail c’est que j’avais développé ces colonies sur 12 cadres et que du coup fin mai il y avait une énorme population, pour une, sûrement plus de 70 000 abeilles. Cerise sur le gâteau, fin mai la météo s’est un peu détériorée et les reines avaient ralenti leurs pontes. Sachant que le premier principe pour faire des essaims artificiels est de sélectionner des cadres avec de la ponte fraîche c’était mal parti. J’ai eu un mal de chien à en trouver, ça commençait mal. Le deuxième principe est de ne pas embarquer la reine. Facile en début de printemps quand la population est en train de croître, bien plus problématique quand il y a 3 épaisseurs d’abeilles sur chaque cadre. Même avec une reine marquée c’est quasiment mission impossible. Et donc en accord avec la loi de l’emmerdement maximum, j’ai embarqué les reines.

Et voilà comment mes essaimages ont tourné au fiasco. J’ai affaibli mes colonies en leur retirant la reine, elles sont devenus des essaims, et je vais du coup perdre tout le bénéfice que j’aurais pu en retirer en ayant des colonies très fortes pour la miellée de châtaignier (pour rappel il faut au minimum 47 jours entre le début de l’essaimage et la naissance des nouvelles ouvrières issues de la ponte de la jeune reine). De l’autre côté la reine s’est retrouvée dans des ruchettes sur 4 cadres avec tout à redémarrer pour refonder une vraie colonie.

Tout cela est très formateur et en apiculture que celui qui n’a jamais fait d’erreur me jette la première pierre. Du coup ma stratégie pour l’année prochaine est déjà définie et oui je n’attendrai pas fin mai pour commencer à produire mes premiers essaims artificiels.

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