Un titre pour plagier une citation célèbre d’un homme politique non moins célèbre qui me manque en ces temps de langue de bois et de politiquement correct. On a beau être né dans une famille gaulliste on peut regretter le temps où le parti communiste était le premier parti de France. Mais là je m’égare, revenons à nos abeilles…
Notre monde moderne a cela de plaisant que quand il s’empare d’un sujet ça devient un puits sans fond pour les médias. La disparition des abeilles en fait partie, donc, quand vous vous présentez comme apiculteur, les questions fusent. J’ai même parfois l’impression d’être Jacques Villeret dans le dîner de cons même si je n’ai pas encore construit de ruches avec des allumettes.
Voici donc un florilège des questions qu’on me pose souvent et les réponses que j’y apporte.
1/ combien de temps vit une abeille : en saison environ 45 jours et pendant ce laps de temps l’abeille occupe différents métiers : nettoyeuse, nourricière, cirière, ventileuse, gardienne et enfin butineuse pour environ les 15 derniers jours de sa courte vie. Elle s’épuise à la tâche. Il faut savoir qu’une butineuse ramène son poids en nectar. Et si vous avez l’occasion de voir des abeilles revenir avec des pelotes de pollen vous en verrez qui ont toutes les difficultés du monde à atterrir tellement elles sont chargées et fatiguées. Pendant la saison froide les abeilles vivent bien plus longtemps, environ 4 mois.
2/ combien d’abeilles dans une ruche : en pleine saison entre 50000 et 70000. J’ai une colonie, Irina, qui doit dépasser ce chiffre. Attention toutefois, quantité n’est pas gage de qualité. Ce n’est pas parce qu’une ruche est très populeuse qu’elle produira plus de miel qu’une ruche moins fournie en abeilles. Les abeilles ont besoin de travailler, trop d’abeilles qui seraient inoccupées deviendraient oisives (j’ai presque honte d’écrire ça, Georges revient parmi nous !).
3/ comment savoir ce que butinent les abeilles : et bien justement on ne le sait pas. Je précise : quand on annonce un miel d’acacia ou un miel de châtaignier cela veut dire que le miel contient au moins 50% de pollen d’acacia ou de châtaignier parmi tous les pollens présents dans le miel. Par contre, lorsqu’un apiculteur pose ses ruches à côté de champs de colza, de lavande, dans un bois d’acacias ou une châtaigneraie, la question ne se pose plus vraiment.
4/ pour finir cette partie 1, une question que j’adore tellement elle reflète les inepties qu’il faut subir à longueur d’actualités télévisées : cette année est exceptionnelle pour le miel grâce au confinement et au fait qu’il y a eu moins d’avions dans le ciel ! Au secours !!! Déjà, juste pour information, les distances de traitement récemment portées à 15 mètres de mémoire près des habitations ont été supprimées le temps du confinement, merci qui ? Deuxièmement, la France n’arrête pas d’augmenter sa dépendance aux pesticides (oups, pardon, aux produits phytosanitaires) confinement ou pas confinement. Donc oui, jusqu’à maintenant, en tout cas ici en Haute-Ardèche, la saison s’annonce très bonne. Les conditions météo ont été très favorables (et non, 3 mois sans avions ne suffisent pas à annuler les effets du réchauffement climatique, n’en déplaise aux plus optimistes ou au plus crédules), les floraisons ont été nombreuses et se sont bien échelonnées dans le temps. Maintenant tout peut basculer rapidement. On attend le châtaignier et les conditions météo actuelles sont peu favorables: du froid, de la pluie et du vent. Donc non, en apiculture rien n’est jamais gagné et pitié laissez ce pauvre virus tranquille et abstenez vous plutôt de prendre l’avion pour un oui ou pour un non (cela est aussi valable pour moi !).
A suivre…
