Un conseil qu’on donne aux apiculteurs débutants, c’est d’avoir au moins deux ruches (quatre étant l’idéal). La ruche isolée au fond du jardin qu’on regarde avec amour en se disant qu’on fait un geste pour la nature a en fait peu d’intérêt et a surtout de bonnes chances de finir comme 30% des ruches en France actuellement, c’est à dire morte en sortie d’hiver. Et pour trouver une explication c’est beaucoup plus dur que quand on peut comparer avec une ou plusieurs colonies qui ont bien passé l’hiver. Pourquoi 2 ruches ? Déjà parce que statistiquement ça laisse des chances qu’une survive à l’hiver et surtout ça permet de se rendre compte à quel point 2 ruches peuvent être différentes. C’est d’autant plus flagrant qu’en théorie elles évoluent dans le même environnement. Nous avons 6 colonies en production : une a deux haussettes alors qu’une autre n’a pas encore construit le moindre cadre dans la haussette et est en train d’accumuler les réserves dans le corps de la ruche, je me demande bien où la reine pond…
Toutes les colonies sont différentes, voire très différentes. Un des rôles de l’apiculteur est de comprendre ses colonies et de répondre à ses besoins. Quand on prépare une visite on le fait dans un but bien précis : rajout de cadres, pose d’une haussette, inspection du couvain, vérification de la ponte…L’erreur serait de réagir a ce qu’on voit de la même façon pour toutes les colonies. Non, il faut savoir s’adapter et prendre les décisions qui paraissent les plus appropriées. Maintenant pour un professionnel qui gère un cheptel de plusieurs centaines voire milliers de ruches c’est impossible, les gestes et les interventions se doivent d’être standardisées et rapides. C’est pourquoi je me suis fixé d’avoir un rucher à taille humaine, il est plus important pour moi de connaître mes colonies et d’essayer de comprendre leurs besoins que d’en faire des bêtes à produire du miel à tout va. Cela a un prix : ma production sera toujours plus réduite.
Si vous vous lancez dans l’apiculture dite vous qu’il n’y a pas de plus grand plaisir que de s’asseoir à côté de ses ruches et de les observer, c’est un spectacle sans cesse renouvelé et qui vous fera mieux comprendre le monde des abeilles que bien des vidéos sur internet.